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Un peu de technique, dandine qui es-tu ?

Pour ceux que ça intéresse, je mets en ligne un article  fait maison et parut en 2007 dans pêche aux leurres mer et océan, traitant de la dandine de leurres souples et de quelques unes de ses applications.
Bonne lecture !

Encore anecdotique il y a quatre ou  cinq ans, l’utilisation de gros shads et leurres souples « sérieusement » plombés est aujourd’hui devenue monnaie courante. Avec la dandine, une nouvelle façon de traquer le bar est née. Souvent confondue avec le jigging, cette technique se rapproche plus de l’ancienne pêche à la snack que du jigging moderne ultra vitaminé. Si du bord et à « la roche » les poissons nageurs et les leurres souples légèrement plombés restent toujours d’actualité, les tombants ou autres accores du petit et moyen large sont devenus les terrains de jeux de nombreux « dandineurs ». Il va de soi que bateau, sondeur et utilisation des cartes marines s’avèrent ici incontournables.

Cette technique permet d’explorer des zones de pêches longtemps délaissées des plaisanciers et de surcroît peu matraquées par les professionnels. Les épaves, les accores, les arches sous marines et autres pains de sucre immergés se révèlent souvent comme des pièges à chaluts, des coupes palangres et bien sur des sites de choix pour une décoration à bases de bas de lignes et cuillers en tous genres.


S’adapter au terrain

Généralement pratiquée dans des profondeur de 10 à 50 mètres la dandine consiste à présenter au plus près d’un fond torturé de conséquents leurres souples, des jigs ou même des cuiller plus « old school ». Ici à l’opposé du jigging, on ne remonte pas à toute vitesse la colonne d’eau, on s’évertue à explorer les proches environs du fond ou du poste remarqué.

Comme pour toutes les pêches, le choix des sites n’est pas du au hasard, en premier lieu on recherchera les dénivelés marqués, les arches, marches, colonnes ou épaves. Plus généralement toute variation notoire du fond est susceptible d’abriter et de concentrer le poisson. Cependant un poste devra être travaillé régulièrement et à différents moments de marée pour révéler son potentiel.

Un sec marqué et grand comme plusieurs terrains de football abrite généralement du monde. Mais en son sein il est des migrations en fonction des heures de marées, du sens des courants.

Face à ce type de configuration, il ne faut pas hésiter à caler et prolonger plusieurs dérives à partir de différents points pour localiser les tenues des poissons. D’aucuns prétendront que ce n’est pas la peine et que le sondeur à lui seul permet de détecter les poissons. Certes l’appareil est indispensable, il est pourtant un fait avérer. Régulièrement et ce malgré une absence d’échos, on touche quand même des poissons. Sont-ce des individus collés au fond, invisibles pour la machine ou bien des animaux en mouvement qui après avoir détecté le leurre viennent « de loin » pour le taper ? Qu’en sais je, si ce n’est que bien quadriller un secteur par le biais de nombreuses dérives est souvent plus payant que d’abattre des milles et des milles pour changer d’endroit. Certes la mobilité rapporte du poisson mais refuser d’approfondir un poste vaste est une erreur et au final une perte de temps.

De même, au sein d’une large zone, si un point ayant déjà payé ne donne rien, il ne faut pas hésiter à en chercher d’autres au sein du même secteur. Tout comme à la côte, il arrive que le poisson ne se soit décalé que de quelques mètres pour s’embusquer derrière une autre patate ou une faille autre que celle où il chassait la fois précédente. Au fond, même s’il existe des postes occupés à temps pleins on retrouve aussi des secteurs qui ne marchent que par moment. Le pêcheur consciencieux tâchera de marquer un maximum de points et de mémoriser par quelle type et moment de marée il a enregistré des captures. De fait par la suite il gagnera du temps dans la prospection de sa zone de pêche.

A contrario, autour d’un pic ou d’une épave isolée s’acharner sur le point peut s’avérer payant. Ce type de poste est souvent occupé à temps plein mais les habitants n’y sont pas en perpétuelle « phase alimentaire », on aura donc à cœur de les provoquer. Des chasseurs calés, même repus finissent par réagir à un gros leurre ou à des stimuli qui plus que de leur donner faim les énervent et déclenche leur agressivité.

 

Il est généralement plus agréable et aisé de travailler du plus au moins profond, on remonte ainsi la pente, cependant, les vents et courants ne permettent pas toujours de choisir le sens de dérive. Descendre la pente, permet aussi de prendre du poisson, il faut juste accorder quelques mètres de fil en plus à son leurre en fonction de la profondeur qui augmente. Moins confortable l’action de pêche n’en demeure pas moins payante.

 

En phase de vulgarisation, la dandine en plein boum est préconisée pour des fonds tourmentés et chaotiques, à juste titre d’ailleurs puisqu’elle s’y avère redoutable. Cela dit, les pêcheurs de méditerranée et ceux cherchant les « roses » (pagres et dentés) auront à cœur de se laisser dériver au dessus de longues dalles rocheuses sur ou autour desquelles régulièrement les roses patrouillent. Ces derniers rarement recherchés aux leurres (hormis en traîne de fond) sont pourtant enclins à céder aux avances d’un gros shad ou d’un jig habilement dandiné.

Leurres et maniement

Même si le maniement s’effectue près du fond, il peut être pratiqué de plusieurs façons en fonction du leurre et du site de pêche. Naturellement chacun y va de son secret ou de son truc, cependant il est quelques exemples validés qui peuvent servir de base.

Prenons deux situations différentes :

Une mer remuante, un fond conséquent (20 m et plus) et un courant marqué, ici un shad bien dense pourvu d’une caudale importante (Mégashad Flashmer, GT Delalande) et armé d’une tête pointue (60g et plus) permettra de descendre rapidement et de brasser beaucoup d’eau ; un point important pour se faire repérer dans un milieu qui « brasse ». Un rattle inséré près de la queue permettra aussi d’augmenter l’attrait du leurre. Un jig moderne aux formes effilées et au « cul rebondi » présentera lui aussi l’avantage de pêcher rapidement à l’aplomb du bateau (Abyss speed jig Williamson)

Dans ce type de configuration, il ne faut pas hésiter à rentrer dans le leurre en l’animant par des tirés de forte amplitude de façon battre du terrain. Attention toutefois à ne pas lever le bras trop haut. En effet, si en bout de course le bras du pêcheur est trop haut (dans l’axe du tronc) il ne pourra ferrer si la touche se produit au début de la descente du leurre... Toujours par soucis d’efficacité, même si les tractions sur le leurre sont amples, il faut s’appliquer à ne pas faire claquer la tresse et à réellement accompagner la descente sous peine de frustrations certaines !

Malgré l’importance du contrôle, on peut tolérer un angle marqué (90 à 130°) entre la ligne et la canne, spécialement lorsque l’on pêche avec les shads. Sur certains secteurs, lorsque le courant charrie de nombreux « casse croûte » potentiels, les chasseurs n’hésitent pas à se déplacer dans la colonne d’eau pour se saisir de leur proie. Un bon point quand on connaît la difficulté d’être pile à l’aplomb et l’opiniâtreté de certaines espèces à regagner leur roche.      

A l’inverse un jour de calme, sans vent ni houle avec des poissons difficiles, une animation lente et plutôt minimaliste permettra de convaincre des chasseurs apathiques. Ici on privilégiera de longs leurres types slug (Mother Worm Ultimate, Sagat Pafex, Sand Eel Storm) animé de soubresauts effectués sur de courtes amplitudes, le tout ponctué de pauses. Une version verticale du twitching couplé au stop and go.

Là où un gros shad trop rigide n’éveille que peu d’intérêt, un « anguillidé synthétique » entraîne souvent l’attaque. Même calé un prédateur finit par réagir à la présence d’un « lançon » ondulant nonchalamment devant son nez.  Il en va de même avec des cuillers moins effilées que les jig mais au papillonnement plus marqué (Yann et autres anciennes).

Si l’on peut diminuer en grammage et en taille, il ne faut pas s’en priver, le leurre n’en sera que plus naturel. Cependant mieux vaut s’appliquer à bien pêcher à l’aplomb, de façon à contrôler la nage et percevoir les tapes de poissons chipotant ou n’engamant que mollement. 


 

Les leurres et leur forme ont un rôle certain, dans le cas des souples, la tête plombée (TP) joue  aussi énormément. Cette année aura été celle de la révolution des « TP », tant en forme qu’en grammage elles se sont multipliées. Devant la largesse des choix possibles, on aura à cœur de les choisir en fonction du site pêché et de ses caractéristiques intrinsèques.

Dans un premier temps des « TP » balles ou sabots (AMS) sont idéales, elles permettent de tâter le terrain et sont passe partout. Avec un peu de recul, le pêcheur demandera plus à la « TP », c’est là que les caractéristiques de chacune feront la différence dans l’optique d’affiner la présentation et la nage du souple.

Les têtes de forme effilée ou pointues permettent une descente rapide mais elles n’entraînent pas le fameux dodelinement de celles qui sont gorgées (Mégashad Flashmer). De même les biseauté (Lip weight Storm) semblent parfois très longues à se mettre en place mais elles permettent d’incroyables virvoltages des slugs.

 

Fixe ou articulée ? Le débat autour de la « TP »  est toujours d’actualité, il semblerait que parfois une tête articulée permettent de faire la différence, cependant une chose demeure certaine, les articulées ont été précédées de fixes qui ont rapportées et rapportent toujours de nombreux poissons.

D’autre part certains pêcheurs optent pour des shads présentant une « TP »  noyée dans le leurre (Swim bait shad Storm), c’est un avantage certain quant à la simplicité et au « roulis » du leurre mais cela présente l’inconvénient de ne pas être adaptable, d’autant plus qu’à poids égal, un shad judicieusement coiffé se retrouvera plus rapidement en place et permettra de mieux tenir l’aplomb face au courant.

 

En dandine les leurres quelqu’ils soient appartiennent au consommable.

Cela dit rien n’empêche d’essayer de les faire durer un peu. Pour ce faire, encoller les souples via une goutte de cyano à la tête leur assure une meilleure présentation dans le temps. De même inciser le corps des gros shads entre le point de sortie de l’hameçon et la tête, permet au souple de basculer sans se déchirer pendant les combats. Au niveau de l’armement, certains aiment à rajouter un triple « voleur » relié à la tête via un brin de tresse ou de nylon, personnellement dans 95 /° des cas que m’en abstiens et ce suivant deux critères sans équivoque. Les tapes sont généralement suffisamment franches, de plus il n’est pas rare que le poisson refrappe, surtout s’il n’a point senti de ferraille. D’autre part vu le nombre de croches inhérentes à la dandine, le triple optionnel afflige les finances.

Pour les snacks et jig, l’utilisation d’assist hook s’est répandue massivement et ce n’est pas pour rien. On pêche mieux, on perd moins de leurres et on rate moins de poissons, tout en les charcutant moins. Attention toutefois à ne les prendre ni trop longs, ni trop souples sous peine de quoi ils s’entortilleront autour de la cuiller.

Quid des couleurs ?

Vu le nombre incroyable de panachages possibles, les couleurs en perdent plus d’un, c’est donc selon des critères simples qu’il faut résonner.

Si l’on désire passer en douceur, un jour de grand beau et d’eaux claires, on tachera de coller au milieu, aux teintes de l’eau et à la lumière ambiante. A cet égard les leurres transparents plus moins bleus/verts (Megashad Flashmer) ou pailletés/transparents (Sagat Pafex,  Eagle claw Sneaker) se révèlent de précieux outils.

Si l’on vise à provoquer et énerver le poisson, on utilisera des tons fluorescents : vert, jaune, orange, tout en accentuant les contrastes. Certaines combinaisons peuvent être redoutables : vert/jaune, marron/orange, rouge/blanc.

On sait que le la perception des couleurs varie avec la profondeur, qu’en est il pour les contrastes ? Bien malin celui qui pourra répondre précisément cependant il s’avère que ce facteur demeure déterminant dans l’attaque, d’ailleurs ne voit on pas quelques uns régulièrement sortir les feutres en vue de renforcer le signal sang ou le signal œil.

Fort de ces deux axiomes chacun trouvera aisément de quoi orienter ses choix, avec une constante qui demeure, le blanc est un véritable passe partout.

Plus que de s’acharner sur des variantes de couleurs quand les plastiques se révèlent stériles, parfois c’est la mise à l’eau des cuillers qui semble décider les poissons …

 

Cannes, moulinets, ligne

Le matériel, ici aussi a très rapidement progressé, au départ c’est bien souvent des cannes mort manié ou de classiques « spinning »  qui ont été utilisées et souvent surchargées. Elles font certes l’affaire mais aujourd’hui il existe un vaste choix permettant à chacun de trouver son outil. Globalement, qu’elle soit destinée à un tambour fixe ou à un tournant, on s’orientera vers une canne de 1.80 à 2.40m, plutôt rapide d’action et ne saturant pas trop tôt. Elle se devra d’être en adéquation avec les grammages couramment utilisés, le plus souvent de 15 à 80 g et d’avoir une réserve de puissance conséquente au niveau du talon. On pourra de fait rapidement brider le poisson à la touche et l’amener en plein eau pour le combattre plus sereinement qu’au fond, de plus on évitera d’éclater le blank en cas de croche mal « négociée ».

Compte tenue des frottements subits, des anneaux sic sont incontournables, on les choisira de bonne taille de façon à laisser passer les nœuds de raccord (tresse nylon) et à éviter trop de tour mort en tête de canne.

Un moulinet  de gabarit « 4000 », doté d’un bon système d’enroulement et garnie d’une tresse de 16 à 20 /° complétera l’ensemble. Qu’il ait un ou quinze roulements, un rinçage régulier en assurera la tenue dans le temps. Une bonne pignonerie  s’avère être un plus car en étant à l’aplomb, les combats et les croches entraînent de nombreux « à coups » violents qui ont prématurément raison des mécaniques un peu légères.

L’utilisation de tresse en dandine permet un meilleur ressenti, cependant il est judicieux de monter une tête de ligne en fluoro carbone (30 à 50 /°°). Ce brin de nylon offre plusieurs avantages, tout en augmentant la discrétion, il permet d’offrir une meilleure résistance à l’abrasion. Connaître un nœud de raccord tresse nylon permet de se passer d’émerillon et d’allonger son bas de ligne ce qui permet d’obtenir un peu d’élasticité dans le montage.


Drôles de bêtes.

On ne peut terminer ce tour d’horizon sans évoquer nos partenaires de jeux, ces diables de poissons !

Avec l’essor des plaisanciers s’adonnant à la dandine, on observe les longs des côtes à de nombreuses surprises. Des leurres initialement destinés aux bars plaisent à d’autres, la liste des poissons susceptibles de taper ne cesse de s’allonger. Dans un premier temps des captures de lieux, juliennes, maigres ont réjoui les pêcheurs, puis un peu partout les « indésirables » se sont invités au bout de nos lignes. Les congres par exemples réagissent très bien au shads et parfois damnent le pion aux bars ou lieux initialement recherchés, de même avec les balistes qui non content d’envahir une zone ne peuvent pas laisser descendre un souple sans le gratifier de coups de dents ravageurs. Les seiches, quant à elles, quelque soit la densité du leurre souple ont tôt fait de le réduire en dentelle. Beaucoup plus sympathique, il arrive aussi plus souvent qu’on ne le pense, qu’un St pierre s’y fasse prendre (si le coup de ligne n’est pas des plus intenses, le coup de fourchette lui vaut le détour).

Si en Afrique de l’ouest on connaissait l’attrait des carpes rouges ou des capitaine pour les leurres souples, à présent c’est en méditerranée ou bien encore au Maroc que de nouvelles espèces se font piéger, les mérous, badeiches et même les dentés succombent à leur tour à ce type de pêche. Riche en prises comme en sensations la dandine est une technique à part entière, elle se révèle vite passionnante cependant, si l’on souhaite pouvoir continuer à la pratiquer, il serait bon que certains de ses nouveaux fans comprennent que ce n’est pas parce que la visite des spots du large coûtent un max en carburant qu’il faut vider les zones …